Avez-vous déjà entendu parler de la communication non violente ? Démocratisée par le psychologue américain Marshall Rosenberg, la CNV est un processus très pratique d’écoute et d’expression au sein de nos relations. Simple, dit comme cela, n’est-ce pas ? Saviez-vous que vous pouvez vous former à cette approche et l’appliquer à de nombreuses occasions ? Focus sur 6 domaines dans lesquels la CNV a fait ses preuves : l’entreprise, le couple, la famille, l’école, la connaissance de soi et la gestion des conflits.
1. EN ENTREPRISE : pour créer un environnement de travail bienveillant
D’après l’étude People at Work 2022, 67 % des salariés français déclarent ressentir du stress au travail au moins une fois par semaine. Dans le même temps, ils seraient près d’un quart à chercher une réorientation. Dans ce contexte, la communication non violente se présente comme un outil précieux pour apaiser le climat au sein des organisations.
Pour les dirigeants comme pour les employés, la méthode est identique.
Dans une situation donnée, la personne observe objectivement les faits, comme si elle regardait les images d’une caméra de vidéosurveillance. Elle exprime ensuite ses émotions. Elle les relie à des besoins. Enfin, elle formule une demande : à son supérieur, à un membre du groupe. C’est la méthode OSBD.
Cette approche renforce le sentiment de cohésion et d’appartenance à l’entreprise grâce à une meilleure communication au sein des équipes. Le manager, quant à lui, peut instaurer une relation de co-construction avec ses collaborateurs dans un climat d’écoute bienveillante.
Dans l’ensemble, cette pratique améliore les rapports au travail. Il est prouvé qu’elle accroît aussi la productivité. Des salariés épanouis font preuve de plus d’innovation et d’engagement. Un pari gagnant !
2. EN COUPLE : pour apprendre à dépasser les incompréhensions
Le couple est souvent le lieu de crispations multiples. La CNV invite les partenaires à échanger dans un respect mutuel. Elle permet de surmonter les petits conflits du quotidien qui peuvent s’accumuler et dégénérer. L’important réside dans le fait de se parler. En revanche, la CNV propose d’exprimer ses ressentis plutôt que de dresser une liste de reproches à l’autre. Utiliser le pronom « je », au lieu du « tu », par exemple : « Tu es encore en retard » sera alors remplacé par « Je ne me sens pas considéré(e) lorsque tu arrives à 18 h 15 et que je t’attends depuis 30 minutes. »
Au sein du couple, la question des besoins se révèle centrale. Chacun doit s’occuper de son propre bien-être. Croire que l’autre est là pour répondre à vos besoins mène dans l’impasse.
Le but de la CNV dans la sphère intime est d’améliorer la qualité de la relation pour en assurer la pérennité.
3. EN FAMILLE : pour instaurer une relation basée sur l’écoute entre parents et enfants
La CNV est un formidable outil d’éducation à la vie en société. Et cela commence dans le cadre familial. Dès le plus jeune âge, elle peut se pratiquer à travers des jeux, qui favorisent l’expression des sentiments. Les enfants apprennent à écouter chacun leur tour. Ils découvrent le respect des besoins des uns et des autres. Plus tard, la CNV servira à gérer les relations au sein de la fratrie.
Dans le quotidien, la communication non violente permet de dénouer les points de tensions, comme les devoirs, le temps passé sur les écrans, la vie au sein du foyer ou les tâches ménagères. Les parents, grâce à la méthode OSBD, peuvent mettre en place des règles de vie commune. Elle pose l’écoute et le respect au cœur de la famille pour instaurer la confiance, la responsabilité réciproque et la bienveillance.
4. À L’ÉCOLE : pour mieux transmettre, grâce à la communication non violente
Certains enseignants pratiquent depuis de nombreuses années la CNV, et ce, même à la maternelle. Là encore, il est question de favoriser l’expression des émotions et des besoins des enfants. Les notions d’écoute et de respect de chacun sont intégrées dès le plus jeune âge.
La CNV peut également transformer la relation d’apprentissage. Le professeur, au lieu d’exiger, de critiquer le travail rendu et de punir, exprime ses sentiments et ses besoins et formule des demandes aux élèves.
Il peut aussi se poser en médiateur si un conflit survient en classe. Il aide chacun à énoncer ses besoins pour trouver une sortie commune.
La CNV permet l’éveil des enfants à la présence à soi-même, à ses propres besoins, à ceux des autres et au respect mutuel. Ils grandissent ainsi en intégrant la bienveillance et l’empathie.
5. AVEC SOI-MÊME, AVEC LES AUTRES : pour développer des relations plus authentiques
Au-delà des situations déjà décrites, la CNV est un outil qui s’applique d’abord à soi-même.
Pratiquer la méthode OSBD permet de :
- prendre conscience de ses émotions, ses sentiments ;
- pouvoir les identifier quand ils débordent ;
- apprendre à les maîtriser ;
- exprimer ses besoins ;
- apprendre à les respecter ;
- oser poser des actes pour les nourrir ;
- apprendre à faire des demandes : à soi, aux autres.
Cette approche nous autorise à mieux nous connaitre. Au fur et à mesure cessent nos propres jugements, souvent plus cruels que ceux des autres à notre égard. Nous faisons alors preuve d’auto-empathie. Nous pouvons l’appliquer pour nous apaiser dans des situations difficiles. Nous pouvons comprendre notre fonctionnement dans certains cas problématiques. Après tout, le but n’est-il pas de vivre en paix avec nous-même ?
6. EN CAS DE CONFLIT : pour dénouer les situations de crise et arriver au consensus
Remontons aux origines : la CNV est issue du mouvement de la non-violence initié par le mahatma Gandhi. Martin Luther King en est une autre figure célèbre, dans sa lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.
Le concept repose sur le refus de la violence et la proposition d’une réponse par la non-violence dans la résolution du conflit. Il ne s’agit pas d’une attitude passive. La non-violence s’inscrit dans une action de résistance. De nos jours, la grève, le boycott ou la désobéissance civile sont des modes d’action qui en sont issus.
La non-violence se fonde sur le respect de l’autre. Elle favorise la recherche d’un compromis une fois que les parties en présence ont exprimé leurs positions et leurs besoins. Le consensus trouvé doit satisfaire les deux camps : il n’y a ni gagnant ni perdant. Lorsque la guerre est installée, l’action non-violente, seule, ne peut hélas rien. Mais combinée à l’action violente, elle peut faire partie de la solution.
Vous le voyez, la communication non violente s’applique au quotidien dans tous types de situations. Elle invite avant tout à l’écoute, au respect et à la bienveillance. Si elle reste encore à la marge, son développement prend de l’ampleur grâce à des réseaux comme l’Association française des formateurs en CNV ou les IFMAN, les Instituts de formation et de recherche du mouvement pour une alternative non-violente. Des enseignants, des travailleurs sociaux, des particuliers s’en emparent pour construire un autre modèle relationnel, un autre monde, tout simplement.
Article rédigé par Cécile Cardeillac
Sources :
CNV en entreprise : https://www.cadremploi.fr/editorial/conseils/conseils-carriere/les-12-vertus-de-la-communication-non-violente-en-entreprise
https://www.fr.adp.com/ressources/insights/people-at-work-2022-l-etude-workforce-view.aspx
CNV dans le couple : https://www.santemagazine.fr/psycho-sexo/psycho/psycho-couple/comment-instaurer-une-communication-non-violente-dans-son-couple-172506#Comment-appliquer-la-CNV-au-couple-%3F
CNV à l’école : https://www.persee.fr/doc/diver_1769-8502_2010_num_161_1_7565#diver_1769-8502_2010_num_161_1_T28_0165_0000
CNV, soi et les autres : https://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Psychotherapies/Articles-et-Dossiers/Qu-est-ce-que-la-Communication-non-violente
CNV et gestion des conflits : Jacques SEMELIN, « NON-VIOLENCE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 23 juillet 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/non-violence/5-la-non-violence-comme-gestion-du-conflit/
